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Le Fastnet selon Timeline

Vainqueurs en réel, nous terminons deuxièmes pour 70 secondes en compensé. L'objectif est atteint mais cela est frustrant.

17/08/17

C’est le moment d’écrire et au fond je ne sais toujours pas quoi penser. Dans les faits, l’objectif est atteint, nous sommes deuxièmes. Dream Pearls est premier, c’était prévu. Cependant le pire s’est produit. Je me suis intéressé au rating de Dream Pearls depuis le début de la saison car j’appréhendais qu’il puisse arriver ce qu’il s’est passé. Nous devant en réel, perdant en compensé à cause de son rating d’extra-terrestre. Et cela s’est produit. 70 secondes en compensé. On va arrêter le débat ici. Dream Pearls a un rating bizarre, il a refusé qu’un mesureur vienne vérifier son E avant la course. Il a gagné grâce à son rating. Chacun jugera.

 

Passons maintenant à la course. Chercher où sont les soixante-dix secondes qui nous manquent pour l’emporter n’a pas beaucoup de sens, elles sont partout. Il y a eu de très nombreux moments durant la course où l’on aurait pu mieux faire.

 

 

Nous avons pris un bon départ. Très vite, 3 JPK 1080 se détachent, Dream Pearls, Bogamyr et son équipage russe ainsi que nous. Il y a aussi un Swann qui est bien dans le match. Les russes creusent un gros écart sur nous et Dream Pearls qui naviguons au contact. Devant Yarmouth, Dream Pearls change de genoa et passe sous lourd, il va mieux que nous. Nous apprenons enfin où est la limite entre le medium et le lourd. Le chiffre magique est 21 nœuds, au-delà, on peut porter le medium, mais cela va moins vite.

 

Au Shingles, notre tacticien fait une grosse erreur, il nous fait sortir du chenal. Devant nous, un bateau semble dériver bizarrement, nous ne comprenons pas pourquoi il dérive aussi vite. Nous réalisons trop tard qu’il est échoué et que c’est en fait nous qui dérivons vers lui, le choc est inévitable. Il est violent. Nous y laissons un chandelier, des gros impacts sur la coque. Les mats se touchent, l’anémomètre se tord. 3 nœuds de courant nous collent contre lui. La situation est vraiment mauvaise. Nous mettons le moteur pour nous dégager. L’opération nous aura coûté 6 minutes.

 

Ayant mis le moteur, nous pensons immédiatement à abandonner. Regardant les instructions de course, nous nous rendons compte que nous pouvons continuer, qu’il faudra déclarer l’usage du moteur à l’arrivée. Nous supposons que nous écoperons d’une pénalité. Notre sentiment est d’essayer de bien faire sur l’eau pour avoir une mesure de notre compétitivité tout en sachant qu’il est  probable que nous prenions une grosse pénalité à l’arrivée qui nous fera descendre dans le classement. Petit moral…

 

 

 

Le premier moment clef de la course est le passage de Portland bill. Plusieurs bateaux dont Aithikan et Mayero choisissent l’option à la côte alors que Bogamyr, Dream Pearls et nous passons au large. C’est l’option à la côte qui payait. Quand l’A35 recroise devant les JPK il a environ 4 milles d’avance.

 

Il ne se passe pas grand-chose durant la journée de lundi. Nous sommes au sud de la flotte. Nous dépassons doucement Foggy Dew et Night and Day qui ont pris le départ 20 minutes avant nous dans dans la classe du dessous. Les écarts dans le groupe de tête de notre classe n’évoluent pas beaucoup. Nous sommes au près dans du médium léger. Le lundi en fin d’après-midi, nous sommes en approche de Lizard et le vent s’effondre. Tout notre flotte s’arrête sauf l’A35 qui comptera 9 milles d’avance sur le suivant et presque 12 sur nous quand nous repartirons. En effet, nous sommes au large et la flotte redémarre par la côte. Nous perdons beaucoup dans cette séquence. De nombreux bateaux qui étaient derrière reviennent, Night and Day qui avait été jusqu’à un milles derrière, ressort 5 milles devant.

 

A l’approche de la DST, le tracker nous place 17ème. Nous ne sommes cependant pas trop inquiets. Nous savons que les « petits ratings » auront du mal durant l’aller-retour jusqu’au Fastnet. Tout comme Mayero qui sera probablement en difficulté dans la descente. Nous nous intéressons donc uniquement à l’écart avec les bateaux du même type que le nôtre : Sun Fast 3600 et JPK 1080. Nous sommes à 3 milles du paquet ce qui à l’échelle de ce qui reste à courir n’est pas très grave. Quand nous voyons Dream Pearls et l’A35 partir vers l’Ouest de la DST. Nous étudions à nouveau notre choix de passer à l’Est. Nous le confirmons. Nous sommes aussi rassurés par le fait que Night and Day et Foggy prennent la même direction que nous.

 

Nous voilà en Mer d’Irlande, un peu comme il y a 8 ans, nous réalisons que c’est le moment d’être à bloc. Il y entre 15 et 25 nœuds au près. Nous sommes au rappels, concentrés sur les oscillations du vent. La bascule de droite que nos fichiers nous donnaient a bien lieu. Nous pensons que la vie de ceux qui sont passés à l’Ouest de la DST doit être compliquée. Quand l’A35 recroise devant nous en fin d’après-midi avec 3 milles d’avance alors qu’il en avait plus de 9 à la DST, ce sentiment est confirmé. Durant cette journée en Mer d’Irlande, nous repassons Night and Day ainsi que tous les bateaux de notre flotte sauf Blue Note et l’A35. La nuit est un peu dure, nous sommes sous-toilés le vent rebascule à droite ce qui va grandement aider Dream Pearls.

 

Arrivés au Fastnet, nous sommes 3ème en temps réel derrière l’A35 et Blue Note. Les écarts sont très faibles, Red Shift est juste derrière nous. Nous n’accordons pas d’importance au classement en temps compensé, car la descente va se jouer entre les gros bateaux planants. A notre grande surprise, l’A35 est collé à l’eau. Il n’avance pas au portant, probablement car son spi est trop plat. L’écart se creuse très rapidement. Nous sommes en tête en réel, seul Blue Note résiste. Nous sommes à bloc, nous surfons chaque vague quand il y a assez de vent pour. Quand nous recevons de nouveaux classements à l’approche des Scilly, nous sommes en tête en réel et en compensé. Seul Dream Pearls a réussi à s’accrocher durant la descente, il est 10 milles derrière et progresse à 8 nœuds. Il faut 36 minutes à l’arrivée. Normalement, cela peut le faire.

 

 

Le sud de la DST sera douloureux. Comme je l’ai indiqué au début, on peut chercher les 70 secondes qui nous manquent à de nombreux endroits. Ce qui est clair, c’est qu’en ayant les mêmes trajectoires, nous avons eu des molles que Dream Pearls n’a pas eu en passant 50 minutes derrière nous. Arrivés à Bishop, l’écart n’est plus que de 5 milles. C’est là qu’il est revenu. Nous savons à partir de ce moment-là que cela va se jouer à quelques minutes et qu’il est en position favorable. Nous sommes complètement à bloc, code 5, spi de capelage, code 5, genoa, spi de tête, les changements de voile sont incessants entre Land’s End et l’arrivée. L’écart n’évoluera absolument pas jusqu’à l’arrivée, il restera à 5 milles. Nous avons le plaisir d’avoir un coup de canon en passant la ligne. Nous ne l’avions pas eu lors de notre victoire en 2009 où nous avions terminé second en réel. Au moment de passer la ligne, nous pensons que c’est perdu pour 5 ou 6 minutes. Ce sera donc une surprise de voir qu’il ne s’agit que de 70 secondes.

 

Nous recevons alors de nombreux messages de félicitations pour notre victoire car le tracker nous donne vainqueur. Il faut y répondre, un par un, pour leur dire « en fait ce n’est pas nous ». C’est un grand bonheur de voir qu’autant de nos proches nous ont suivis, que nous leur avons apporté un peu de plaisir avec notre performance.

 

 

Maintenant, il faut aller voir le Comité pour notre séquence au moteur, au moins essayer de conserver cette deuxième place. Le problème est vite réglé, le Comité nous indique qu’ils ont vu l’incident, que mettre le moteur était la seule solution possible et que nous n’en n’avons pas tiré de bénéfice, l’affaire est close, nous restons deuxièmes.

 

Une semaine après, quand j’écris ce papier, je ne sais toujours pas quoi penser. Deuxième c’est bien, c’était l’objectif, mais deuxième comme cela, pour une histoire de rating, c’est un peu amer.

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