Un spi de haut niveau

Avec au moins 6 paires incluant au moins un pro, le niveau du Spi Ouest-France était particulièrement haut. Assez logiquement, les 4 premiers au général avaient au moins un professionnel à bord.

11/04/23

Nous nous sommes bien amusés. Même si les conditions étaient clémentes, j'ai trouvé ce Spi éprouvant. Le niveau très relevé oblige à être vraiment tout le temps à fond et à la longue c'est usant. Au final, nous terminons 6ème et 2ème amateur, c'est satisfaisant. Je voudrais évoquer 3 sujets dans ce post, notre régate, les avantages et les inconvénients de la présence de nombreux professionnels et le cas "Lann Aël 3".

 

 

Nous avons fait une régate "à notre niveau". Tactiquement, c'est honorable, nous avons pris quelques options payantes et nous n'avons pas commis de grosse erreur. Cepandant, nous avons plusieurs fois mal géré la flotte, souvent celle des autres classes car nous naviguions devant et une fois notre flotte sur le 2ème bord de la dernière manche. A chaque fois, ce sont des dizaines de seconde et dans une flotte qui ne lache rien c'est ennuyeux. De la  même  façon, nos manoeuvres ont été honnêtes, sans rien d'exceptionnel, nos empannages dans le petit temps n'ont pas été terribles, celui dans 22 noeuds sous grand spi a été plus réussi.... Au final nous avons navigué correctement et nous n'avons rien fait de génial.

 

 

Le premier vrai souci de la régate a été de prendre deux algues sous spi vers la fin de la  première manche sans avoir de corde à noeuds. Par ailleurs, sur la même manche, nous n'avons pas fait de peeling durant le dernier bord  alors que nous avions le mauvais spi. Nous l'avons payé cher et c'est bien normal.  

 

Lors de la dernière manche, nous cassons l'écoute de grand voile 20 secondes après le départ alors que nous étions bien. Le temps de réparer, de se dégager en babord, quand nous nous recalons, nous sommes pratiquement derniers. Notre 15ème place tient donc de la "remontada", nous avons bien limité les dégâts. Je ne cherche aucune excuse, cette casse est une faute technique. Nous avons une écoute de GV en continu sur winchs. Il ne faut pas border avec la tension que l'on peut mettre dans 20 noeuds sur le mini lashing entre les deux extrémités. On s'arrange toujours pour qu'au près il ne soit pas dans la zone sous tension, là il l'était.

 

Sur un plan positif, nous allons vite, vraiment vite et c'est très encourageant pour les offshores. D'autant plus que nous comprenons à peu près pourquoi. Et puis nous avons été réguliers, même si c'est frustrant de ne pas rentrer de très bonne manche, au final, c'est le général qui compte et notre 6ème place avec 4 professionnels devant, c'est tout de même pas mal. Nous sommes satisfaits.

 

 

 

Vers deux classements comme au TFV ?

 

Il y avait au moins 6 bateaux avec au moins un professionnel à bord, les 4 premiers, Léon et les formidables américains de Red Rubby qui avaient tout de même un double médaillé olympique à bord. Bon il ne participe plus aux JO, mais je me permets de le mettre dans la catégorie des professionnels. Et si ces deux bateaux n'avaient pas fait un OCS (voire 2...), les 6 premiers seraient des équipages avec au moins un pro. Pour avoir longtemps navigué en équipage, parfois avec notre voilier Alain Le Roux à bord, parfois sans, contre des équipages qui avaient eux aussi 1 ou 2 professionnels à bord, j'ai le sentiment que la présence d'un pro dans une paire de double est infiniment plus significative qu'un pro dans un équipage de 7 ou 10 personnes. J'enfonce probablement une porte ouverte...

 

Nous avons eu la chance de naviguer très souvent à côté d'Alexis Loison et de Red Ruby. Bon OK, on n'est pas les meilleurs amateurs du circuit, mais on va dire que nous sommes un "échantillon représentatif du paquet de tête" et bien là c'est d'un autre niveau. Ce ne sont pas des grosses différences mais plein de petits détails de positionnement, de tactique, de manoeuvre qui au bout du compte font 3%. Je crois que nous avons terminé 3 manches sur 4 avec Alexis Loison et nous lui rendons un peu moins de 3%. C'est le tarif.

 

Les professionnels ont le droit de naviguer. Certains d'entre nous peuvent aussi faire le choix de naviguer avec un professionnel, il n'y a rien de criticable là dedans et sincèrement c'est enrichissant de naviguer à côté d'eux mais pour moi si la tendance se confirme, la question de deux classements, un pro et un amateur se pose réellement, et pas uniquement au Spi.

 

 

Le cas Lann Aël 3

 

Lann Aël était le seul prototype de la flotte. C'était sa première sortie, probablement la première régate en double de son propriétaire, et c'est une réussite puisqu'ils ont gagné. Avec un rating au delà de 1,08 quand le reste de la flotte ne dépasse pas 1,04 il volait devant donc je ne l'ai pas vu et je ne peux pas vous dire grand chose. En venant d'écrire 3 paragraphes sur l'importance des professionnels, je me contredirais en disant que le bateau est intouchable. Il y avait un professionnel à bord. Il ne gagne que 2 manches, le match avec Alexis Loison a été serré. Si on avait mis Erwan Tabarly sur un JPK 1010, le match aurait peut-être aussi été serré avec Alexis Loison et les autres professionnels. Donc à ce stade on ne peut pas conclure grand chose.

 

Jusqu'à aujourd'hui, il n'y avait pas de prototype dans cette classe et presque tous les bateaux étaient du même type  : JPK 960, 1010, 1030, 1080, Sun Fast 3200, 3300, 3600, J99, J109... Là, Didier ne joue pas au même jeu que nous. Il y a des points positifs, si c'est une réussite, ce bateau sera peut-être une inspiration pour de futurs bateaux de série. En attendant, si la performance du bateau se confirme, cela pourrait entraîner une course à l'armement dont, à mon avis, pas grand monde n'a envie.

 

Nous aurons toute la saison pour mieux comprendre ce qu'il se passe. Encore une fois, avec un professionnel à bord, c'est déjà un autre sport, il est à mon avis trop tôt pour tirer d'autres conclusions.

 

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