Un spi en 3 manches, c'est vraiment très délicat. L'X-34 Grand Prix, le JPK 9.60 Partouche et potentiellement le Sun Fast 3200 Gilolo, ont terminé une fois au délà des 10 et cela leur a couté cher, même s'ils ont eu de très bons résultats aux deux autres courses. Pour gagner, il ne fallait pas faire d'erreur, ce fut le cas pour le Sun Odyssey 40, Charrette III et le Swann 42, Xaossa. Nous sommes dans la continuité de l'an dernier. Ils avaient terminé 1 et 4, ils font 1 et 2 cette année.
Jean-Pierre Kelbert, fondateur du chantier JPK, a accepté de m'envoyer quelques lignes sur leur régate. La première manche a été difficile, ils ont percuté l'X-34 de Jean-Yves Jaffrezic à une bouée sous le vent. Ils ont réparé et ont tenté des coups pour se refaire. Malheureusement, cela n'a pas marché. Concernant leur victoire dans le seconde manche, Jean-Pierre estime que dans la grosse brise, au près ou au reaching le JPK 9.60 est un peu plus rapide que les Sun Fast 3200. De façon générale, il juge que son bateau et le Sun Fast 3200 ont des performances équivalentes dans les vents "normaux" et que le JPK s'en tire un peu mieux dans la pétole et au-delà de 25 nœuds au près. Etant donnée sa position, il ne peut pas être totalement objectif, je partage cependant son sentiment que dans les petits airs, les Sun Fast 3200 semblent avoir un peu de mal.
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Depuis que je parle de l'X-34 dans ce blog, je crois qu'il est assez clair que j'aime bien ce bateau. Le chantier a accepté de prendre en compte la jauge quand il l'a conçu et il se voit récompensé. Dan Peddersen a bien voulu répondre à quelques questions. Il insiste avant tout sur le fait que l'X-34 est un bateau facile à manier. Les X-34 ont été livrés récemment en France, aucun équipage n'avait pu beaucoup s'entraîner et ils terminent 2,3 et 4 à la première manche. Concernant la seconde course, Dan explique qu'il a pris un mauvais départ et qu'il a donc passé la bouée de dégagement "dans le paquet". Ensuite sur les 2 bords de reaching il ne pouvait pas faire grand-chose contre les bateaux plus gros ou ceux qui ont deux safrans Lors de la première manche, il pensait que Charrette lui rendait beaucoup de temps et n'était pas dangereux. On lui avait dit qu'il fallait garder un oeuil sur Parsifal, il a donc marqué Parsifal au début de la course et Charrette a gagné. Lors de la dernière manche, il a par contre intégré que Charrette était dangereux et a fait attention à ne pas trop s'elloigner. Tout comme Jean-Pierre Kelbert, il estime que son bateau fait un peu plus de cap au près que les Sun Fast 3200. L'équipage du bateau était constitué de deux membres de la famille du propriétaire (le bateau sera basé en Méditterranée) de deux allemands et 4 danois du chantier. Dan regrette d'avoir commencé la course en n'ayant navigué qu'une seule fois en X-34. Quand ils ont voulu s'entraîner la veille, le port était bloqué. Il pense aussi que le bateau bénéficierait d'avoir un de ses spis plus petit que les autres pour la brise. Il était dans une configuration avec deux grands spis + un asy et toutes les voiles au maximum. Il y a probablement de la marge pour un peu d'optimisation IRC. Enfin, le skipper de Grand Prix regrette de ne pas avoir couru plus de manches, en avançant par example le départ du dimanche à 9h30 et en lançant une banane moins longue. Il a le sentiment que ce Spi était à sa portée même s'il avoue que dans ces conditions musclées il est difficile de rivaliser avec les gros bateaux de 40 et 42 pieds. Il reconnaît que Charrette va vite, prend des options risquées mais toujours bonnes.
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J’ai aussi pu discuter avec Jean-Michel Carpentier qui dirige la Commission Courses et Challenges de l’UNCL dont je fais partie. Xaossa n’avait pas couru depuis 8 mois, son équipage était composé d’étudiants. Jean-Michel admet que même avec des vieilles voiles son bateau aime bien ces conditions, mais il considère surtout qu’il a “bien joué les options de vent”. Sur le grand côtier après les deux reachings où il avait très bien marché, il a mis trop de temps à envoyer son Spi. Leon et le Sun Fast 3200 Gilolo en ont profité pour le repasser. Même s’il est bien revenu avec une option au ras de méaban , cela n’a pas suffit et il a du se contenter d'une troisième place. Il doit son podium au dernier près de la dernière manche. Après un problème de surpatage, il n’était pas dans le groupe de tête à la fin du premier près. Il s’est refait sur la dernière remontée où Il a fait un fond de gauche à la fois pour chercher des effets de côte mais aussi pour profiter d’un début de renverse de courant. Cela lui a permis de terminer 3ème à la manche et second au général. Jean-Michel est content de son Spi Ouest-France mais regrette vivement certaines incohérences de la jauge.
J'ai appelé Mr Bourdereau, propriétaire de Charrette III, vainqueur deux fois de suite sur le même bateau, ce n'est pas fréquent. Il est très heureux sa victoire, on le comprend. Un des secrets étant probablement la stabilité de l'équipage, il n'y a eu qu'un seul changement par rapport à l'équipe victorieuse en 2007. Il explique qu'il a un bateau de medium. Dans la brise, avec son enrouleur, il est plus en difficulté. Sa chance a été que la manche la plus violente avait une bonne part de reaching où sa longueur à la flottaison pouvait compenser une voilure un peu inadaptée (génoa déroulé + 1 ris). Durant l'hiver, le bateau a fait l'objet d'une préparation de coque minutieuse :" il a une carrène de rêve". Il a aussi maintenant un asymétrique sur tangon. Vues les conditions, il n'a pas pu l'utiliser. Le skipper a longtemps travaillé dans différentes société de fabrication de mat. Il a donc fait des choix dans ce domaine. Le bateau n'a ni barres de flèches poussantes, ni bastaques. Il fait d'ailleurs remarquer que les bateaux de la Coupe de l'America ont des barres de flèches sans angle. Il a un système de double V1 pour compenser ( l'un tenant latéralement, l'autre longitudinalement). Le profile est est un peu plus lourd que celui du mat standard du bateau. Concernant ses concurrents, Mr Bourdereau estime que l'X-34 Grand Prix était parfaitement mené et qu'avec un équipage de ce niveau le bateau semblait à l'aise dans la brise, contrairement à ce qu'il se disait avant le Spi. Il a aussi trouvé les Sun Fast 3200 à l'aise dans la brise avec cependant un petit déficit de cap au près. Charrette III sera présent à l'Obelix et s'il fait à nouveau un bon résultat, il envisage d'ajouter des courses à son programme pour tenter de gagner le Trophée Atlantique.
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De façon générale, les concurrents de l'IRC3 avec qui j'ai échangé ont fait quelques reproches au Comité : ne pas avoir couru samedi après avoir attendu longtemps, ne pas avoir tenté de courir 3 manches dimanche, construire des bananes trop longues et avoir des lignes plusieurs fois favorables au Comité ce qui est potentiellement dangereux et enfin ne pas avoir lancé un petit côtier de retour lundi puisque de toutes façons les bateaux doivent rentrer à la Trinité. Je pense que chacun fait de son mieux mais que ce "feedback" est intéressant. Espérons qu'il soit entendu.